28 janvier, 2014

Interlude !


Porcelet (ça change des marcassins) !

27 janvier, 2014

Superproduction et éloge de la liberté et de la responsabilité tout de même !


Bon, j'en avais parlé durant les vacances de Noël, j'avais été confronté à un jeune patient que j'aime beaucoup qui était un peu "perché". Face à cela, j'avais le choix entre l'intoxication ((LSD), un début de schizophrénie, une crise hypomaniaque annonciatrice d'un beau trouble bipolaire ou encore une bouffée délirante aiguë unique et sans lendemains ou peut-être encore d'autres trucs moins connus. D'ailleurs, peut-être qu'il avait vu la Vierge comme les petits bergers de Fatima mais sur le moment je n'ai pas retenu cette hypothèse. Celle que j'ai retenue, c'est le syndrome de Stendhal en espérant ne pas me planter bien sur ! Mais bon, quoique perché, il était toujours parmi nous, bien qu'agité avec les neurones carburant à toute vitesse.

Bon, ceci dit, j'avais aussi le choix de m'en laver les mains puis d'envoyer ce jeune homme faire un tour chez un psychiatre en le laissant se démerder comme un grand face à la médecine étatique pour laquelle il a de toute manière cotisé au travers des charges sociales et autre CSG. On lui aurait sans doute trouvé une place dans un hôpital puis un autre endroit où il se serait calmé à coups de peinture sur soie et de macramé.

Mais j'ai deux défauts, d'une part je suis très orgueilleux alors cela m'ennuyait de lâcher définitivement l'affaire et de me soumettre immédiatement et totalement à la psychiatrie officielle tant que j'avais une carte à jouer. Parce que sinon, ça aurait fait un peu grosse soumise qui s'en remet à ses maîtres. Bien sur, si cela avait été urgent et strictement nécessaire, je l'aurais fait parce que je ne suis pas débile au point d'ignorer une urgence. Mais là, je me disais "mon petit Phil, y'a sans doute un truc à faire, vu que même s'il est un peu perché il n'en a pas moins le sens du réel et que même s'il patuge un peu dans ses idées, il y a quand même un semblant de cohérence dans tout cela". Et puis j'avais aussi peur qu'il tombe aux urgences sur un type pratiquant son métier au démonte-pneu, le bourre de neuroleptiques, le braque, le foute en colère et l'abime bien plus qu'il n'était.

Enfin, je suis un gros nul qui verse dans l'affectif et au lieu de prendre ses honoraires et de s'en tenir là, se soucie de sa clientèle, un peu comme ces chefs qui sortent de leur cuisine pour faire le tour de la salle à manger et demander aux clients comment cela s'est passé. Cela m'ennuyait donc un peu de lâcher l'affaire en renonçant à toute responsabilité même si celle ci ne pouvait être invoquée dans son cas, parce que moi que sais-je de ce que font mes patients quand je ne les vois pas.

En revanche, face à un type un peu perché dont on se demande ce qu'il peut faire, il faut tout de même se méfier. Parce que quand on se prend un petit syndrome de Stendhal (ou un truc de ce genre) dans la figure, on a l'impression d'être le maitre du monde, de tout avoir compris, on parle vite, on est légèrement parano et ça peut entrainer des complications dans la vie de tous les jours. On parle de tout à n'importe qui, et c'est parfois une bonne manière de s'en prendre plein la tronche. Soit parce que la personne à qui l'on parle le prend mal et cela dégénère en bagarre, soit parce que cette personne est en uniforme de flic et qu'elle décide de vous emmener en car PS jusqu'à l'hosto le plus proche sous la procédure dite HO.

Comme j'ai renoncé à pouvoir tout, tout seul et tout le temps, j'ai eu de la chance de pouvoir compter sur des gens charmants et efficaces afin de m'aider à soutenir ce jeune homme durant cette délicate période en attendant qu'il redescende doucement parmi nous. Parce que moi entre deux séances entrecoupées de ses SMS parfois étranges et un peu flippants, je ne pouvais pas grand chose pour lui, si ce n'est de l'inciter à consulter son médecin, ce qu'il a d'ailleurs fait. De toute manière dans le cas contraire, j'aurais refusé de poursuivre. On peut tenter des trucs mais pas l'impossible ! Après, je me suis dit que pour lui éviter de trop s'envoler, il fallait le maintenir dans le réel puisqu'il n'en avait pas totalement décroché. Pour cela, j'ai justement pu compter sur un task force assez pertinente.

Tout d'abord, merci à Jean Sablon dont j'ai déjà parlé ici, une sorte de beau gosse flegmatique dont le métabolisme proche de celui d'un yucca et les capacités à se mettre en colère inférieures à celles d'un charançon  étaient une bonne chose parce qu'il a pu bosser avec mon jeune patient sans s'énerver. Alors que de vous à moi, un mec perché, quelle qu'en soient les raisons, c'est parfois énervant : ça parle tout le temps, ça comprend tout et ça vous balance le fruit de ses élucubrations à la tronche à tous moments. Là, Jean Sablon a pu travailler avec Jésus à ses côtés sans s’émouvoir particulièrement de ses paraboles et ses extases.

Merci aussi à Chaton, jeune érudit impavide et précis qui aura pu contrer les "délires mystiques" de mon jeune patient en lui opposant ancien et nouveau testament et paroles de tous les docteurs de l'Eglise parce qu'à Chaton, on ne vient pas lui raconter la messe ni lui sortir de conneries comme ça sans s'en prendre dans les dents à coups de références mortelles. Alors à défaut d'être allé parler de ses conclusions sur la vie, la mort et le paradis avec un prêtre qu'il n'est jamais allé voir, mon jeune patient s'est coltiné à Chaton dont le centre de gravité est suffisamment bas pour ne pas être bousculé par le premier venu. Chaton quand on lui parle, il démonte votre phrase comme un horloger une montre !

Merci aussi au Jeune Gentilhomme Tourangeau qui, faisant fi de son fatalisme forcené et de son pessimisme à toute épreuve, a emmené ce jeune homme à des cours de boxe française parce que parfois, ça fait du bien de lâcher son énergie de cette manière, que cela évite de dire et de faire des conneries et que sur un ring, le réel arrive bien vite à moins d'aimer s'en prendre plein la figure.

Et bien sur pour clore tout cela, merci à son médecin qui ne me lira jamais mais sans qui tout cela n'aurait pas été possible. Tandis que certains enclins à voir le pire auraient hospitalisé ce patient manu militari, j'ai pu compter sur quelqu'un sachant mesurer et prendre des risques sans de suite déclencher le plan vigipirate au niveau écarlate. C'est vraiment appréciable de tomber sur des médecins ayant suffisamment de bouteille pour tenter d'y voir clair au-delà des symptômes et connaissant suffisamment bien leurs patients et les molécules pour remplir leur obligation de moyens sans refiler le problème aux spécialistes immédiatement.

Ceci étant dit, cet article n'est en aucun cas l'occasion de marquer ma défiance vis à vis de la psychiatrie. Il concerne une personne que je connais bien et ne saurait illustrer tous les cas dans lesquels les gens sont "perchés". Donc en cas de doute sur vous ou vos proches, consultez votre médecin et faites lui confiance.  Et il n'est pas défendu d'en consulter un autre, un bon qui fera poser la part des choses et saura poser le bon diagnostic. Dans tous les cas, tentez de rester sujet de votre propre histoire et non un simple objet. Il ne s’agit ni de dédramatiser, ni de prendre les choses trop à la légère non plus : les neuroleptiques ça a aussi du bon ! Et parfois malheureusement l'internement est la seule solution possible.

En revanche même si je déteste généralement les groupes, j'admets que parfois l'union fait la force. Mais sans doute qu'un groupe de personnes individualistes est un peu différent d'un groupe de quidams moyens.

Enfin, bon merci à tous ! Et pourvu que ça dure !

20 janvier, 2014

Psychologie du travail !


C'est vrai que durant ce qu'il conviendra d'appeler la crise de la quenelle dans les futurs livres d’histoire, ce qui permettra à messieurs Hollande et Valls de se couvrir de ridicule pour les siècles à venir, je n'ai pas été très emballé par la manière dont beaucoup d'auteurs de Contrepoint ont géré l'affaire. 

Pour de grands libéraux, ils se sont tous drapés derrière leur bonne conscience pour hurler avec les loups leur dégoût profond de l'artiste avant de rajouter du bout des lèvres, que quand même, interdire un spectacle ce n'était pas tellement bien non plus. Bref, heureusement que Baudelaire n'a pas du compter sur eux pour être publié sinon, personne ne connaitrait Les fleurs du mal. Mais sitôt passé la crise, voici qu'on fête de nouveau les grands libertariens et qu'on rappelle que Lysander Spooner est né un dix-neuf janvier. Lui, c'est pas le genre de type qui aurait eu peur de notre ministre de l'intérieur. Mais c'est sur que la dissidence, c'est un tout. Ce n'est pas un truc qu'on pratique juste le weekend ou entre midi ou deux ou le temps de rédiger un article.

En revanche, dans les derniers articles, j'ai particulièrement apprécié celui ci. Pour une fois, dans le maquis de textes tous plus stupides les uns que les autres, parlant du travail, en voici un qui taille des croupières à ces conseils idiots souvent prodigués par des cabinets de conseil ne connaissant pas grand chose à la psychologie du travail. Trop souvent la vision idéalisée du travail correspond aux fantasmes de jeunes diplômés d'ESC persuadés de s'épanouir pleinement dans leur activité tertiaire qu'ils veulent à tout prix faire partager à tout un chacun.

Ça donne ensuite des séries idiotes comme Suits, que mon filleul Lapinou m'avait vantée, dans lesquelles de jeunes loups prêts à tout pour faire de l'argent et s'assurer des promotions rapides, travaillent à la limite du surmenage dans un grand cabinet d'avocats dirigés par une bande de sociopathes sachant tirer profit des faiblesses de ceux qu'ils encadrent en leur proposant des hochets imbéciles. Alors qu'il s'agisse de se taper les meilleurs restaus (très chers), les filles les plus belles (très chères), les plus belles bagnoles (tout aussi chères), tout est bon pour grimper dans la hiérarchie et perdre son âme à la vitesse grand V en se persuadant que c'est vraiment ça la vie.

Et puis dans tout cela, il y a les vrais métiers comme les avocats de cette série, et puis les faux. Enfin, je suis un peu méchant quand je parle de faux métiers, disons de vrais métiers un peu moyens, finalement assez médiocres, à la limite d'un boulot d'OS en costume-cravate, mais que la terminologie anglaise un peu toc et des réunions verbeuses à répétition en compagnie de gens qui jouent les importants tentent de rendre attractifs. De vagues boulots commerciaux, de ternes emplois d'assistants et de confus postes de conseil deviennent ainsi par la magie de la langue de Shakespeare à la sauce yankee, des postes enviés fortement connotés jeune winner. Bon, dès que l'on gratte un peu, c'est moins joli et on se dit que l’Ecclésiaste avait raison et qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil. C'est un peu l'histoire du type qui avait sur sa devanture "gros et demi-gros" et qui maintenant écrit "B to C", ça ne fait parler que les demeurés.

Finalement seuls ceux qui manipulent les autres monteront dans le système. Bien sur il restera toujours quelques idiots utiles prêts à croire aux trucs vendus par les conseils en management, les coachs autoproclamés et les vendeurs de livres. Allez dans une librairie, au rayon dédié au management et constatez le nombre de livres où l'on vous apprend à ne plus être vous même mais à développer votre leadership ou votre charisme, à être super efficaces en peu de temps, à mieux classer, organiser, gérer, maîtriser votre vie, bref à surtout ne pas composer avec la réalité mais à tenter de devenir un autre pour bien coller à votre statut d'esclave de votre boîte du CAC 40. Ceux-là peu nombreux je suppose, continueront encore à perdre leur vie en la gagnant et démotiveront les plus intelligents des jeunes venus travailler à coups de culture d'entreprise minable ou encore de slogans creux "ne déjeunez jamais seul" comme le rapporte l'auteur de l'article de Contrepoint.

Et puis certains ouvriront les yeux ! Parfois les plus jeunes, très brillants qui dès le départ n'ont pas la personnalité d’adeptes à qui l'on fait croire n'importe quoi. D'autres au contraire ne comprendront l'erreur qu'une fois qu'ils auront été lourdés à la petite cinquantaine pour faire place à une jeune. Certains ouvriront les yeux à un autre moment, parce que leur vie affective ou relationnelle est en danger, et se mettront à se poser des questions sur ce à quoi ils ont cru et dédié leur vie. Pourquoi suis-je rentré si tard, pourquoi ceci, pourquoi cela, se demanderont-ils ? On leur avait dit de ne pas adorer le veau d'or, de ne pas suivre les faux prophètes, de se méfier des conseilleurs qui sont rarement les payeurs mais bon c'était tellement attrayant le parcours présenté. Et si cela avait marché après tout ?

Ceux là, tout ceux qui ont ouvert les yeux, c'est le revers de la médaille du système et ils finissent soit chez leur médecin soit chez le psy, voire les deux. Qu'il s'agisse des addictions, des burn-outs ou des dépressions, la liste est longue des pathologies qui amènent un jour telles des épaves jetées par le ressac, tous ceux qui ont cru à ces bêtises, tous ceux dont la vie n'a été durant quelques années qu'une tentative désespérée pour tout gérer et optimiser au maximum leurs efforts. Parce que dans ces équations fabuleuses, manque souvent le temps qui passe. Et autant on peut croire à ces bêtises quand on est jeune, autant plus le temps passe, plus il est difficile d'adopter les valeurs frelatées qui sont vendues par la culture d'entreprise. C'est un peu comme le père Noël ou la magie, il faut vraiment être jeune pour se faire avoir ; après on cherche le truc et si on le trouve, on tombe de haut. Plus on vieillit, plus les efforts d’adaptation sont éreintants et épuisent tant le corps que le psychisme.

J'en récupère certains dans mon propre cabinet. La plupart sont très diplômés mais je suis toujours étonné de voir que leur formation au management soit aussi pauvre. Quelques rares livres, écrits pas des diplômés d'ESC ayant des responsabilités dans je ne sais quel grand groupe, est souvent leur seul viatique. Et quand on aborde la psychologie du travail, ils tiquent souvent. C'est vrai que le mot psychologie fait référence au pathologique voire à des concepts un peu fumeux manipulés par quelques vieux analystes barbus fumant la pipe qui n'ont pas le droit de cité dans les entreprises. Quant aux mots psychologie et travail accolés, alors là, cela éveille des images de bonnes femmes à cheveux rouges et lunettes carrées émargeant dans un quelconque labo de sciences sociales ou à une bande de syndicalistes marxistes mais jamais à de vraies connaissances utiles.

Alors camarades et camarades (féminin), luttez contre ces fausses valeurs et vous verrez que la psychologie n'est pas rédigée que par des communistes pour des socialistes ou vice-versa mais qu'elle a produit bon nombre de recherches et de concepts intéressants. En voici quelques titres :



  • La fonction psychologique du travail, Yves Clos, Presses Universitaires de France ;


  • Souffrance en France, Christophe Dejours, Points poche ;


  • RH : Les apports de la psychologie du travail (en deux tomes),  collectif, Éditions de l'organisation ;


  • Coups de pied aux cultes du management, Daniel Feisthammel, Éditions AFNOR;

  • Voilà, bonne lectue à ceux qui sont intéressés et veulent vraiment savoir ce qu'est la psychologie du travail. Sinon, je vous souhaite bien du plaisir avec votre chef de service crétin ou votre directeur borné. Parce que finalement, un adjudant de la Légion étrangère est un meilleur manager que la plupart de ces idiots en costume qu vous expliquent qu'il ne faut pas déjeuner seul le midi !

    15 janvier, 2014

    Pays de fous !

    Cette photo prise gare Montparnasse envoyée par une de mes chères patientes vaut son pesant d'or et illustre bien le pays de fous dans lequel on vit, la bêtise dans laquelle on s'enfonce jour après jour.



    C'est vrai que dans les gares, la vapeur était quelque chose d'absolument incroyable, voire de carrément incongru, comme en témoigne cette photo prise gare du Nord :


    Il faut dire que la gare Montparnasse a parfois entretenu de singuliers rapports avec les locomotives à vapeur. Interdire les vapoteurs est peut-être une manière d'honorer les victimes de ce célèbre accident ayant eu lieu le 22 octobre 1895 :


    13 janvier, 2014

    Blogueurs et journalistes !


    Une fois n'est pas coutume, je suis allé sur Libéraux.org, un forum sur lequel j'ai un profil, comme sur de nombreux autres. Mais bon, qu'il s'agisse des Hondas, des Jaguars, du libéralisme, ou que sais-je encore, le forum ce n'est pas mon truc. Je ne sais pas pourquoi. Je poste une petite contribution, je papote un jour ou deux et puis je me lasse, je me laisse entrainer vers d'autres aventures.

    Peut-être que sujet aux lubies différentes qui sont les miennes, j'ai le plus grand mal à discuter avec des personnes qui n'ont pour tout horizon qu'une seule passion, une seule chose, qui ratiocine à n'en plus finir sur un sujet comme on sucerait un bonbon jusqu'à ce qu'il n'en reste rien.

    De deux choses l'une, soit je suis définitivement bien trop intelligent et cultivé pour aller frayer avec une bande de crétins monomaniaques, soit je suis un bien trop gros branleur pour aller me confronter à des gens qui creusent un sujet de prédilection jusqu'à plus soif.

    Je suis allé sur ce forum pour savoir ce que l'on pensait de l'affaire Dieudonné qui défraye la chronique depuis deux semaines. Je voulais savoir ce qu'en pensaient les libéraux, du moins ceux s'affirmant tels. Je les attendais un peu au coin du bois car j'ai pu remarquer que la liberté tant revendiquée était bonne pour exploiter un être humain dans un laogai,  mais que sitôt sortis de l'économie, beaucoup de libéraux se montraient plus circonspects. 

    Bref pour trancher un dilemme moral, l'impératif kantien est moins leur règle que les arguties alambiquées si j'en crois certaines contributions sur Contrepoints. Ce n'est pas demain que nous aurons un speaker's corner à la française. Et je me désole de constater que pourvu que chacun d'entre nous puisse consommer autant qu'il le souhaite, l'instauration d'un état policier ne pose aucun problème.

    Je n'ai pas trouvé de fil de discussion sur le sujet en revanche ne me baladant, j'ai trouvé un quidam qui expliquait à propos des galipettes présidentielles que les journalistes seraient toujours mieux informés que les blogueurs parce qu'ils disposaient de réseaux leur envoyant des informations.

    Certes, si vous bloquez du fin fond de l'Ariège, sans sortir autrement que pour vous rendre à l'Intermarché le plus proche, il y a peu de chances que vous disposiez d'un réseau d'informations intéressant. En revanche si votre profession, indépendamment de votre qualité de blogueur, vous oblige à fréquenter beaucoup de gens et que vous ouvriez grand vos oreilles, il y a de fortes chances que vous ayez à votre disposition quantité d'informations intéressantes.

    Si je prends mon humble cas, si je recense tous les fonctionnaires, élus, journalistes et autres que j'ai pu recevoir, croyez-moi que j'en ai reçues des confidences et des informations. Certes je suis soumis au secret professionnel mais pas toujours dans la mesure ou certaines de ces conversations ont eu lieu à une table de café et non à mon cabinet. Cependant je respecte le caractère off de ces révélations pour ne pas en faire part.

    Mais pas seulement bien sur ! Il serait avisé de me draper dans ma dignité d'homme intègre mais il n'y a pas que cela évidemment, il y a aussi la peur. Il y a le fait que je sois un homme seul et justement pas un journaliste disposant d'une reconnaissance étatique, la fameuse carte de presse, et couvert par une hiérarchie. Balancer quand on est seul c'est prendre le risque de le rester en cas de problèmes judiciaires car autant un journaliste sera défendu par ses confrères au nom d'une prétendue liberté de la presse, pourtant morte depuis longtemps, autant un blogueur n'aura que son avocat pour lui venir en aide.

    Ceci dit il serait, à mon sens, tout aussi illusoire d'imaginer qu'en France de gros scoops sortent par amour de la vérité, sans qu'il n'y ait quelque part une couverture politique en cas de problèmes. Je gage que si Closer publie des photos de notre président en goguette, c'est que le tabloïd doit avoir de sérieux appuis. Si vosu saviez le nombre de journalistes, reçus à titre de patients, qui m'ont parlé de certaines choses en me disant aussitôt "mais bien sur ça on ne peut pas le sortir". 

    Que voulez-vous, qu'il s'agisse de liens financiers, politiques, amicaux, ou que sais-je encore, le journaliste n'est pas l'être libre que l'on imagine à la recherche de la vérité. Comme tout un chacun, il va à la gamelle, il paye son loyer, fait ses courses, élève ses gosses, en veillant à ne pas heurter les puissants.

    Il ne s’agit donc pas d'opposer les journalistes aux blogueurs mais simplement de comprendre que dans un état policier, la liberté de la presse ou la liberté d'information sont des vœux pieux. Et à moins d'avoir un solide carnet d'adresses, de faire partie d'un réseau puissant, vous vous taisez tout simplement parce que vous savez que si vous déplaisez en haut lieu, votre compte est bon.

    J'espère qu'un jour les libéraux défendront vraiment la liberté.


    Stratégie, galipettes, et psychologie !


    Pour la première fois de ma vie j'ai acheté Closer, le magazine qui parle de l'actualité des peoples et de leurs petits scandales. Bien sur, auparavant j'avais déjà lu cette presse, par exemple en attendant mon tour chez le coiffeur m^me si je crois me souvenir que c'était plutôt Gala et non Closer qui est un peu plus trash en se voulant fait à la manière des tabloïds anglais et italiens.

    Pensez donc, si les maitresses sont une habitude constante chez nos dirigeants depuis Charles VII, c'était la première fois que l'affaire s’étalait dans la presse. En ce sens, ce n'est pas un tabloïd que j'ai acheté mais bien un morceau d'histoire, un document incroyable ! Avant, on nous rapportait qu'il s'était passé quelque chose, qu'il s'agisse de Félix Faure mort dans les bras de sa maitresse, de Giscard d'Estaing dont la Ferrari aurait heurté un camion de lait alors qu'il sortait de chez Marlène Jobert ou encore de François Mitterrand et de sa double vie.

    Mais là, c'est casqué et assis comme passager du scooter de son chauffeur que l'on voit notre brillant président François Hollande se rendre chez Julie Gayet, à deux pas de l’Élysée pour y faire sa petite affaire. Rien qu'en voyant les photos, on imagine notre président rondelet, tout frétillant à l'issue d'une journée de travail bien remplie, se préparer à faire le mur comme un adolescent pour aller chez sa petite copine. 

    Ca a des côtés notable de province ravissants ! On se croirait dans un films des années 80, un Sautet ou un Chabrol,  dans lequel le gros pharmacien du bourg entretient une liaison avec la jolie file du coin dont on murmure qu'elle aurait une moralité douteuse parce qu'elle aurait été danseuse à Paris. Le jour à la caisse derrière son comptoir boudiné dans sa blouse blanche de praticien, et la nuit, nu allongé sur une water bed dans une chambre pleine de fanfreluches pour s'adonner aux délices de Capoue. 

    C'est terriblement humain, même pas sale, tout juste un peu cracra, comme lorsque l'on déplace un lave vaisselle et que l'on s'aperçoit que notre cuisine que l'on croyait en apparence immaculée serait finalement pleine de saleté. C'est juste délicieusement médiocre comme les soupçons de malversations de Manuel Valls ou la condamnation à la prison avec sursis d'Alain Juppé.  Ça nous rappelle qu'il faut toujours se méfier des grandes déclarations d'intention, que la plupart de ces abrutis sont à l’instar de Monsieur Homais dans Madame Bovary qui voulait n'exprimer que la satisfaction de lui même alors qu'il n'est qu'un sot prétentieux, retors, médiocre et bouffi d'orgueil.

    Là aussi, dans cette histoire on aurait pu faire du conseil en stratégie. Quoiqu'à la vérité, je ne pense pas que Hollande se soucie le moins du monde de ses actes, ni même de sa réputation mais qu'il aurait bien voulu épargner sa maitresse officielle Valérie Trierweiller de peur des retombées. Et elles n'ont pas manqué puisque la marâtre orgueilleuse a été immédiatement hospitalisée pour cause de symptômes diffus afin de jouer la femme trompée en souffrance.

    Stratégiquement, tant que la crasse était planquée derrière le lave-vaiselle, la poussière sous le tapis, notre bon président ne s'en souciait pas, pas plus que des rumeurs. Mais qu'il y ait des preuves flagrantes qui s'étalent dans Closer et c'est une autre histoire puisque ses frasques mouillent aussi sa compagne. Pendant la troisième république, les bourgeois allaient au bordel mais avaient assez de sens commun pour épargner leur foyer de leurs turpitudes. Là, ce n'est plus le cas.

    Alors que dire de cette stratégie de notre président qui invoque l'article neuf du Code civil qui protège la vie privée. C'est assez minable. D'une part, parce que lui n'hésite pas à jeter en pâture à la surveillance de fonctionnaires nos vies sans l'assentiment d'un juge. Et enfin, parce que quand toute la presse mondiale bruisse des galipettes présidentielles françaises, ce n'est plus le moment d'invoquer la vie privée qui est étalée dans tous les journaux.

    Encore une fois, comme pour Manuel Valls le va-t-en-guerre mal conseillé, je ne trouve pas que notre président soit bien aidé. Dans ce type d'affaires, soit on nie farouchement en menaçant de nos foudres le journal qui a osé révéler de pareilles choses soit, le mal étant fait, on se débrouille pour invoquer une raison intelligente qui fasse pleurer dans les chaumières. Mais on invoque pas l'article neuf, qui donne à penser qu'on a le droit de faire ce qu'on veut pourvu que personne ne le sache. Ça fait pauvre gosse pris la main dans le pot de confiture et qui reprocherait à sa maman de ne pas avoir frappé à la porte avant d'entrer dans la cuisine. C'est minable, ça sent l'excuse bidon, facile et ça ne fait que souligner la couardise de notre président.

    C'est amusant parce que j'ai déjà eu de tels cas dans ma clientèle. Je me souviens ainsi d'un type dont l'épouse néo-zélandaise un peu acariâtre avait fini par le pousser dans les bras d'une ancienne maitresse aimée dix ans plus tôt et rencontrée de nouveau par hasard. Mon patient était effectivement un peu lassé par son épouse, laquelle venant d'avoir un enfant faisait sans doute une sorte de dépression post partum sans l'admettre ni se soigner.

    Et voilà, que Dieu ou le diable, mit face à la lui par le plus grand des hasards une ancienne relation qu'il n'avait pas épousée à l'époque mais qu'il avait beaucoup aimée. Bien sur, les circonstances le rendant fragile et prompt à céder à la tentation, il avait remis le couvert et sous des prétextes divers, il avait revu moult fois son ancienne maitresse, laquelle se montrait douce et aimante et aussi mariée que lui de son côté.

    D'hôtels d'aéroport en hôtels de salles de conventions où se tiennent différents congrès, leurs amours adultérines s'épanouissait pleinement. Et pour parfaire les choses l'épouse acariâtre avait voulu passer six mois chez ses parents en Nouvelle-Zélande laissant libre cours à son mari pour vivre son aventure extra-conjugale. Tput serait allé dans le meilleur des mondes si le mari de la maitresse, rendu méfiant par la conduite de son épouse, ne l'avait pas proprement espionnée. Tant et si bien que de filatures discrètes en exploration de SMS, il avait eu la certitude non seulement qu'elle le trompait gaillardement mais aussi le nom de celui qui l'avait rendu cocu.

    Et là, la vie de mon cher patient avait changé ! D'appels anonymes en courriers vengeurs déposés jusque sur sa boîte mail, le mari lui avait proprement pourri la vie, n’hésitant pas à téléphoner à son patron directement. Tout cela, il pouvait à peu près le gérer mais d'ici quelques mois, l'épouse allait rentrer dans de l'hémisphère sud et là, il avait terriblement peur de sa réaction. Car pris sur le fait avec la main dans la culotte de sa maitresse, il ne doutait pas que son épouse outragée, ne reparte immédiatement en Nouvelle-Zélande emmenant avec elle leur petite fille !

    C'est donc un pauvre gars pantelant et bourré de lexomil que j'avais vu débarquer dans mon cabinet, me priant instamment de l'aider à se dépatouiller de cette situation embarrassante. Partant des faits allégués, on devait d'abord savoir jusqu'où irait le cocu outragé. Et s'il devait aller assez loin pour que l'épouse ait vent de la relation extra-conjugale, quel histoire mettre au point afin de tenter de conserver les liens du mariage.

    Avec ses renseignements, j'avais totu d'abord profilé le cocu, tentant de m'en faire une bonne répresentation psycholigique afin de deviner le plus fidèlement possible la manière dont il agirait par la suite, s'il allait se calmer ou non. Pour ce faire, outre les caractéristiques classiques, telles que sa profession, son âge, etc., j'avais aussi lu les SMS et autres mails vengeurs qu'il balançait à mon patient mais aussi leur fréquence. Pour l'histoire qu'il pourrait raconter à son épouse s'il était pris, c'était simple. Compte tenu des preuves flagrantes d'adultère, il ne s'agissait plus de nier, c'eut été impossible et encore moins d'invoquer le respect de la vie privée comme notre président, c'eut été stupide.

    Non, il fallait que sa tromperie, ce truc crapoteux accompli dans les Hilton de France et de Navarre se transforme habilement en une sorte de descente aux enfers d'un pauvre homme qui n'ayant jamais su comment aider son épouse à se sortir de sa dépression post partum, avait lui aussi flanché et déprimé au point de commettre l'irréparable. Bref, le coupable devenait par la grâce d'une belle histoire bien ficelée, à vous arracher des larmes, une pauvre victime codépendante de son épouse, entrainé malgré lui dans une relation adultérine qu'il n'avait jamais voulu. Croyez moi l'hsitoire était belle et crédible et je suis sur qu'eussions nous été jusque là, que cela aurait marché et que le mariage aurait été sauvé.

    Fort heureusement, la personnalité du cocu que j'avais perçu au travers de ses comportements m'incitait à penser que tout cela n'était que de la gueule et qu'il n'irait pas bien loin. Qu'il s'agissait d'un pusillanime plus enclin à noyer son chagrin dans l'alcool que prêt à mener une guerre sans merci à son rival. J'en étais persuadé ! De fait les SMS et autres mails s'étaient espacés pour finalement cesser.

    Semaine après semaine, mon patient, récupérait mais restait anxieux à l'idée que l'autre ne connaisse qu'un répit pour recommencer à le harceler. Je le rassurais du mieux possible tandis qu'il piochait dans sa boite de lexomil pour apaiser l'angoisse. Mais j'avais eu raison et quand l'épouse était rentrée du bout du monde, les récriminations du mari outragé avaient cessé. Sans doute que l'épouse du cocu, tout aussi coupable avait aussi de son côté fait en sorte qu'il s'assagisse. 

    Quelques mis après, mon patient parti avec sa petite famille s'installer aux USA, en Californie où il avait trouvé un poste. J'eus le plaisir de recevoir une jolie carte postale non signée avec juste les mots "Tout va bien, merci beaucoup". 

    Bien sur avant de partir, au cas où mon patient aurait eu la sotte idée de s’épancher pour évacuer sa culpabilité, je lui avais bien rappelé l'adage de nos grand-mères : n'avoue jamais même la tête sur un billot, continuer à nier s'il n'y a pas de preuves. Et puis cette culpabilité qui le tarauderait durant quelques temps était le prix à payer pour ses turpitudes. Ce n'est pas parce que je lui avais sauvé la peau et son mariage qu'il ne devait pas payer le prix de sa faute morale ! Je suis psy et non avocat, j'ai une morale moi !

    La fidélité, une vive démangeaison avec défense de se gratter !
    Aurélien Scholl


    12 janvier, 2014

    Jour de gloire !

     Dernier anniversaire !

    Aujourd'hui, dimanche douze janvier, c'est mon anniversaire et je me prends encore un an dans la face. Moi qui angoisse depuis mes trente ans à l'idée de vieillir puis de mourir, voici un jour funeste malgré le titre de mon article.

    C'est assez redondant comme demande chez mes chers patients. Je ne compte plus le nombre de celles et ceux qui me parlent de leur angoisse de mourir. Alors, moi, les fesses calées sur mon fauteuil  j'écoute, je joue l'important, le vieux sage et je les rassure sans jamais leur révéler que parfois, moi aussi, chaque fois, chaque douze janvier que la roue tourne, je me dis qu'un jour ce sera mon tour.

    Parfois, je regarde un film idiot, du genre plein de pistolets et de méchants qui s'entretuent. J'en vois un ou deux se faire flinguer comme ça, alors que la caméra ne s'attarde même pas sur eux. Ils étaient vivants et ils ont pris une balle et son morts. De vie à trépas en une seconde, je me dis que c'est chouette. Mais bon, comme je n'appartiens pas au grand banditisme, il y a peu de risques que ma fin ait lieu de cette manière !

    Non que j'aie vraiment peur de la mort mais des circonstances dans lesquelles elle viendra. Me retrouver vieux, perclus de rhumatismes, méchant et acariâtre, enfermé dans quelque hospice où j'éttendai que l'on vienne changer mes couches n'a rien de joyeux.

    Je me dis qu'en tant que fumeur, je peux aussi partir plus tôt avec toute ma tête sans souffrir des affres du grand âge et c'est plutôt bien. Mais bon, il y a les douleurs, l'annonce du diagnostique que l'on redoute, moi qui ai déjà peur d'un rhume. Et puis ensuite le traitement inhumain infligé par une médecine poussive et passéiste ! Moi qui ai toujours professé le pire mépris pour le corps, quelle fin terrible entre les mains de types passionnés uniquement par les cellules.

    Et puis que laisser à la postérité ? Rien ou presque ? Non carrément rien. Pas un livre, pas un fait de gloire, pas une œuvre, rien de tout cela. Un vie chiche et normale passée loin des projecteurs dans mon cabinet et chez moi en un incessant va-et-vient rassurant.

    Une fois, une de mes lubies, avait été de m'acheter un petit bout de terrain dans le trou du cul du monde, un truc pas cher et là, à l'abri des regards et de l'administration, de faire couler un truc énorme en béton. Un truc tellement ferraillé que les bunkers allemands auraient eu l'air de cabanes à côté. Le truc tellement énorme et solide que n'importe quel ingénieur aurait déclaré que pour le détruire, il faudrait tellement d'explosifs qu'on devrait tout raser dans un rayon d'un kilomètre. Et comme on parle de Coysevox ou Le Notre pour Versailles, on aurait murmuré mon nom durant mes siècles pour avoir commis cette abomination indestructible.

    Voilà où j'en était de mes réflexions en ce jour d'anniversaire. Je me connais, je me sais suffisamment aussi sensible qu'une jeune fille toute juste nubile pour ne pas m'inquiéter de mes états d'âme. Demain, ça ira mieux ou dans une heure.

    Arrivera ce qui doit arriver, de toute manière je n'ai jamais su gérer un agenda, ce n'est pas pour tenter de me préoccuper de ce qui pourrait m'arriver.

    10 janvier, 2014

    Message de soutien !


    Tout un chacun est au courant de la vague de froid sans précédent qui s'est abattue sur les États-Unis. On parle de températures ressenties de moins cinquante trois degrés et il semblerait que rester plus de dix minutes dehors puisse être risqué.

    Par cet article je voulais assurer le Gringeot, qui se trouve justement dans le middle west américain en train de se geler le cul que je pensais bien à lui et que j'espérais le revoir bien vite. Aux dernières nouvelles, il était toujours bloqué sur une highway dans le Missouri suite à la panne de sa voiture, l'essence ayant gelé dans le réservoir.

    Il m'a rassuré en me disant qu'il ne s'en faisait pas trop et qu'il attendait le dégel. Qu'il s'était bâti un petit igloo dans lequel la température était agréable, quelques degrés au dessus de zéro, comme chez lui l'hiver dernier, parce qu'en bon taureau un peu rapiat qu'il est, il préfère enfiler des pulls les uns par dessus les autres que de payer du fuel pour se chauffer.

    Pour boire, il m'a expliqué qu'il y avait la neige qu'il suffisait de faire fondre. Quand à la bouffe, il a fini sa dernière barre de céréale hier et s’apprêtait à chasser quand il s'est dit que ce serait plus simple dé dévorer son collègue parce que cela lui éviterait de sortir.

    Il me dit donc que c'est plus simple qu'il n'imaginait et qu'à part une bonne bière et une fille sympa et un peu cochonne, il avait tout ce qu'il fallait. Il m'encourage aussi à prendre la 4G parce qu'il m'assure qu'il a pu télécharger des films de cul en un temps record sur son Samsung et qu'une petite branlette dans un igloo en attendant les secours ça passe le temps quand on n'aime pas trop lire et qu'on ne peut pas faire de mécanique.

    Prends soin de toi Gringeot, n’oublie pas d'enterrer les reste de ton collègue ou de les filer aux loups si la terre est trop gelée pour creuser un trou, parce que ce serait trop bête de te faire choper par les cops et de finir en combinaison orange dans une prison de haute sécurité !

    Sinon Gringeot, ici au pays tout va bien, à part l'affaire Dieudonné et les éventuelles frasques présidentielles, rien à raconter de spécial. On doit être en train de sortir de la crise !

    Stratégie !



    Voici bien des années, quand j'ai changé de vie, pour passer de juriste à psy, j'ai connu quelques années sombres. Il fallait bien que je remplisse le cabinet et en attendant, je piochais dans mes économies, espérant que les patients ne tarderaient pas à arriver. Et puis, je me disais qu'au pire, si je végétais, je retournerais à mes anciennes amours.

    Autant vous dire qu'à cette époque, je n'avais pas la possibilité de jeter l'argent par les fenêtres. Il y avait pourtant une formation du CNAM qui m'aurait intéressée à l'époque et qui traitait de la gestion des crises. Car aussi curieux que cela puisse paraître, autant je peux être anxieux au point d'avoir peur d'un recommandé dans la boîte aux lettres, autant je garde toujours mon sang froid dans des situations extrêmes. 

    Dans ces cas là, je sais raisonner froidement, prendre les bonnes décisions et rassurer. Dédramatiser est un de mes points forts d'ailleurs. Et si je suis un piètre tacticien, incapable de me débrouiller pour de menues choses dans la vie, je suis un bon stratège. Et aussi odieux et orgueilleux que cela vous paraisse, je peut vous assurer qu'il est très rare que lorsque j'analyse un problème qui débute, cela ne se termine pas tel que je l'avais annoncé.

    Hélas, cette formation était dispensée sous une forme qui ne permettait pas de la payer UV par UV et je n'avais aucunement les moyens de dépenser les quarante-cinq mille francs qu'elle coutait à l'époque. L'idée de recourir à l'emprunt était aussi hors de question parce que je n'imaginais pas la Société Générale consentir un prêt au clodo que j'étais à l'époque. Je m'étais donc résolu à me l'offrir ... un jour peut-être. Mais les patients ayant fini par arriver, lassé des études, j'ai abandonné ce projet. J'ai renoncé pour finalement ne plus y penser.

    Ce n'est qu'à l'occasion de crises comme celles récentes ayant touché l'usine Good Year d'Amiens ou encore dans l'affaire Valls vs Dieudonné, que je me dis que j'aurais pu être bon, que j'aurais du perdurer dans mon idée et suivre cette formation. Peut-être qu'aujourd'hui, on m’appellerai tel un pompier pour éteindre des incendies. Je crois que ça me plairait parce que je me trouve plutôt bon pour apaiser les conflits, trouver des issues favorables. Sans doute que tout au fond de moi sommeille un baba cool qui préfère l'amour à la guerre.

    Bien sur, parfois au cours de thérapie, j'apaise des crises. Par exemple, face aux patients qui doivent affronter des événements difficiles, je formule des conseils, je leurs recommande d'être adroits, de laisser tomber la colère, mauvaise conseillère, pour adopter une attitude plus fine. Il y a quelques années j'avais même expliqué à un jeune patient dont je savais qu'il finirait tôt pu tard en garde à vue, comment s'en sortir, non d'un point de vue légal car c'est le métier d'avocat,  mais d'un point de vue psychologique pour déjouer les entourloupes classiques des pandores, leurs fausses promesses (la justice en tiendra compte), leurs coups de pression (arrête de nous prendre pour des cons, on sait que c'est toi !).

    Récemment encore, j'aurais pu par exemple conseiller Maurice Taylor, le PDG texan de Titan, qui souhaitait acheter Good Year Amiens. Je lui aurais par exemple conseillé de ne jamais humilier son adversaire, parce que ce n'est pas une bonne chose et que les blessures d'amour propres mettent longtemps à guérir et génèrent souvent des conflits terribles. Je lui aurait rappelé que quelque soit le nombre de milliards de dollars qu'il possédait, il venait en France, un pays bimillénaire où qu'il serait toujours considéré comme un plouc texan, c'st à dire venu d'un état semi désertique où l'on élève des vaches, on extrait du pétrole et où l'on condamne à mort des adolescents et des handicapés mentaux. Qu'il ne fallait surtout pas donner du crédit à la caricature mais au contraire la jouer en finesse, parce qu'un type qui vous déteste et s'aperçoit que vous êtes finalement plus sympathique qu'il n'imaginait abaisse aussitôt ses défenses ! Je suis sur que je n'aurais pas volé mes honoraires avec lui.

    Et puis, il y a mon ami Manuel Valls que je vois depuis un mois enferré dans un combat contre l'humoriste Dieudonné. Je lui aurais rappelé qu'il n'était pas dans un duel à fleuret moucheté contre un autre politicien mais dans un duel à mort avec un "comique" dont le métier consiste justement à détourner le sens premiers des événements, fussent-ils dramatiques, pour les rendre drôles. Et comme le soulignait mon confrère H16, le propre du comique, de l'humour, et ce d'autant plus qu'il est acide et sans limite, c'est justement de salir tout ce qu'il touche, de désacraliser absolument tout !

    Tout un chacun a déjà vu les dégâts qu'un humoriste comme Laurent Baffie peut asséner sur un plateau et nul ne se risquerait à jouer la vierge outragée sous peine d'en prendre deux fois plus dans la figure. Alors quelle idée baroque d'affronter aussi frontalement quelqu'un du calibre de Dieudonné. Parce que Dieudonné est à Baffie ce que la bonne droite dévastatrice assénée par un poids lourd l'est à la gifle humiliante. Quoique l'on en pense, et je ne suis pas là pour traiter le fond, ce type remplit les salles et ses vidéos sont vues par trois millions de personnes. Alors j'aurais expliqué à Manuel Valls que commencer ses "charges républicaines" par "Dieudonné cet humoriste qui ne fait plus rire personne" n'était pas la bonne stratégie. Parce que la réalité c'est que manifestement il ne fait pas rire tout le monde mais qu'il fait rire beaucoup de monde, à un tel point que ses tournées semblent être de réels succès populaires, au point de remplir des Zéniths.

    Il faut faire attention non seulement aux comiques, à ceux qui ont l'esprit leste et la langue agile parce que cela peut être un poison bien plus mortel qu'une imprécation de ministre en appelant aux valeurs républicaines d'une République à laquelle peu de gens croient encore malheureusement. Mais il faut encore faire plus attention quand le comique est en passe de devenir une icône, parce que justement, il peut parvenir à cristalliser sur sa personne, absolument toutes les souffrances et les rancoeurs d'une population. Et dans une France qui compte autant de chômeurs et de pauvres, il y en a des rancoeurs. J'aurais conseillé à Manuel, de faire attention de ne pas faire de Dieudonné celui qui incarne l'opposition entre le pays réel qui souffre et paye et le pays légal qui administre et se goinfre de petits fours en s'autoamnistiant. Parce que l'explosion est si facile quand il y a tant de gens qui n'ont rien et  subissent jour après jour les vexations d'une dictature administrative aux mains d'élus qui sont vomis.

    Je lui aurais dit de la jouer à l'envers avec intelligence, de ne pas en faire une affaire de prestige ni une affaire d'honneur pour tenter d'asseoir sa réputation politique ou de se concilier les grâces et l'admiration de sa femme. Que parfois, la stature d'homme d'état exige que l'on joue ses coups en douce comme le faisait feu François Mitterrand, habile manœuvrier, et non sabre au clair comme un crétin sanguin qui tombe dans le piège qu'on lui tend. Je lui aurais expliqué qu'un comique c'était généralement quelqu'un de très intelligent qui n'a pas d'autres moyens que le ressort humoristique pour analyser les données par manque de formation et qu'au fond d'eux, tous les comiques aspirent à être pris au sérieux. Voyez Coluche qui a fini dans l'humanitaire ou Bedos père qui se prétend sans doute analyste politique.

    Partant de là, je lui aurais dit de jouer la partie de manière plus intelligente. Soit de laisser les tribunaux agir même si c'est moins glorieux, soit de composer avec Dieudonné en lui donnant des gages, quitte bien sur à l'étrangler après. De toute manière un comique qui est trop près du pouvoir, quel qu'il soit, ne dure jamais bien longtemps. La force d'un bon comique, qui veut peser sur le débat politique, c'est justement de garder une marge de manœuvre et de ne jamais trop s'acoquiner avec les élus. Alors je sais que Manuel est un fier natif du signe du lion et qu'il se serait rebellé, et je lui aurais patiemment dit de m'écouter, de suivre mes conseils.

    Hélas, il n'en fut rien car Manuel ne me connait pas et n'a jamais sollicité le moindre conseil ! Et le voici embourbé dans une affaire qui le dépasse. Et tandis qu'il croit avoir gagné au Conseil d'état moi, simple citoyen, j'entends des gens dire que les Femens ne sont pas poursuivies pour avoir profané ue église, ou que l'on n'entend plus parler de Cahuzac, ni du fils Fabius et de tant d'autres affaires. Il voudrait jeter de l'huile sur le feu qu'il ne s'y prendrait pas mieux. Et puis, il y a ceux qui s'alarment des restrictions de liberté de paroles, et ils sont nombreux et notamment à gauche. Et puis aussi, tous ceux qui ne connaissaient pas Dieudonné, qui maintenant le connaissent et reconnaissent son antisémitisme, mais qui s'en fichent parce qu'ils sont trop contents de voir un type se lever face à un ministre de l'intérieur pour l'humilier alors qu'ils sont eux trop souvent obligés de ramper devant le moindre flicard qui les contrôle sur la route.

    Il y en a d'autres plus raisonnables qui sans entrer dans le fond du débat commencent à parer d'hystérie et de paranoïa. Et puis il y en a de plus raisonnables encore, tu sais les juristes, qui se demandent encore comment on obtient un recours au Conseil d'Etat en deux heures au lieu des quarante-huit heures. Alors, tu sais Manuel, on ne pourra pas empêcher les gens de parler de justice d'exception, de chasse à l'homme, etc. Les gens ne comprennent pas forcément nos actions à leur juste mesure.

    Il y a la loi, les normes et puis il y a les gens. Ainsi, l'organisation du travail précise ce que le salarié devrait faire et la psychologie du travail explique pourquoi justement il ne le fait pas. Il y a les lois et leur interprétation. 

    Manuel, mon ami, toi qui te vante aujourd'hui d'avoir fait gagner la république, je redoute que ce soit une victoire à la Pyrrhus dans laquelle tu risques de ruiner ta carrière. Tu es ministre d'état, tu assures une mission régalienne et tu règnes sur des milliers de policiers, tu es l'artillerie dans la bataille. En face, tu n'as qu'un humoriste suivi par des millions de personnes, des millions de fantassins.

    Et si l'on sait que l'artillerie conquiert le terrain c'est toujours l'infanterie qui l'occupe parce que l'infanterie c'est la reine des batailles. A Verdun en 1916, les canons allemands n'ont pas fait reculer les polus français et leurs simples fusils Lebel. Bush a beau eu bombarder l'Irak et l'Afghanistan, les USA sont repartis la queue entre les jambes. Eussè-je été diplômé de l’École de guerre, au képi galonné, plutôt que modeste psy parisien, que je t'aurais dit qu'à mon sens ta division blindée n'était pas faite pour manœuvrer dans le bocage où les partisans de Dieudonné t'attendront comme autant de partisans impossibles à combattre, que des aventures commencées au printemps se sont parfois achevées dramatiquement dans les neiges de Stalingrad.

    Dans tous les cas Manuel si tu as besoin de mes conseils, n'hésite pas à me contacter. Les amis sont faits pour cela. Il y a parfois des guerres qu'il ne faut pas mener ou alors qu'il faut mener au bon moment ou encore des guerres qu'il faut mener autrement.

    Comme tous les français, je continue à suivre le feuilleton !

    07 janvier, 2014

    Zut et oups !

    Je m'étais dit qu tous les lundis je publierais un article afin qu'il y ait une semblant de continuité dans mon blog et que celles-ci cessent d’obéir à mon seul bon vouloir. Et hier, et bien hier, j'ai totalement oublié. Bon javais déjà pas mal publié avant. En attendant le prochain article, voici un superbe marcassin américain. Même si rappelons le, le sanglier n'est pas un animal endémique du nouveau monde mais y a été importé.


    Sur ce, n'étant pas encore capable de me la couler douce comme le marcassins ci-dessus, je me sauve pour aller bosser.

    05 janvier, 2014

    Ouuuuh voici les pervers narcissiques !


    Une commentatrice, déçue que je me sois moqué d'elle me traitait hier de "PV" dans un dernier commentaire que je n'ai pas publié. Alors, sagace comme je le suis, j'ai immédiatement su que ces initiales me désignait en tant que nouveau monstre, le croque-mitaine actuel, j'ai nommé le pervers narcissique. Brrr, tremblez !

    C'est d'abord Paul-Claude Racamier, un psychiatre-psychanalyste, qui dès les années 80 décrit la perversion narcissique comme étant l'une des formes revêtue parfois par la perversion de caractère. Il ne s'agit en aucun cas d'un diagnostic psychiatrique mais bien au contraire d'une réflexion issue de concepts psychanalytiques. Paul Racamier explique ce trouble comme étant « une organisation durable caractérisée par la capacité à se mettre à l'abri des conflits internes, et en particulier du deuil, en se faisant valoir au détriment d'un objet manipulé comme un ustensile ou un faire-valoir ».

    Le concept est finalement d'une grande finesse, bien que difficile à démontrer, car il décrit parfaitement bien ces individus destructeurs chez qui l'on ressent pourtant une faille narcissique béante qu'ils tentent de colmater en manipulant autrui. Il s'agira par exemple d'un homme qui, doutant de ses capacités de séduction, choisira une femme qu'il estime en deçà de ses capacités réelles et à qui il fera "payer" son échec. Dans Que la bête meure, un film de Claude Chabrol, Jean Yanne campe un personnage de pervers narcissiques tout à fait saisissant, alternant son jeu pervers entre cruauté véritable et sarcasme manipulateur.

    Puis dans les années 1990, Marie-France Hirirgoyen popularisera cette perversion narcissique jusqu'à décrire le fameux pervers narcissique dont on ne cesse de parler aujourd'hui et que l'on imagine voir à tous les coins de rues ou être à l'origine de tous les malheurs du monde, comme étant une sorte de sociopathe agissant en prédateur envers sa victime afin d'en détruire l'identité par la manipulation ou le harcèlement. 

    De psychanalytique, le concept s'étiole pour devenir une sorte de mélange de deux personnalités pathologiques que l'on connait bien, la personnalité narcissique et la personnalité antisociale. La presse, notamment féminine, prenant le relais, la notion de pervers-narcissique devient une notion aux contours flous pour devenir finalement n'importe qui et notamment celui avec qui l'on a des problèmes. Quand on veut noyer son chien, on l'accuse d'avoir la rage dit le proverbe.

    Dès lors, le pervers narcissique sortant des cabinets de psys, devient une tarte à la crème, le sujet dont on parle, le quidam imprécis dont tout le monde se demande s'il ne l'a pas déjà rencontré le jour où il a été très triste. La manipulation perverse, qui nécessite donc de la part de celle qui la met en œuvre une véritable perversion, c'est à dire quelque chose de grave et d'intentionnel, s'assouplit de telle manière que le pervers narcissique devient juste celui qui s'oppose, qui brocarde, se moque ou a de l'esprit. Interdiction de rire, de mettre en boîte, d'avoir un accès de colère ou de faire le moindre reproche sous peine de se voir accolé l’étiquette infamante de pervers narcissique. 

    Dernièrement, alors que je tentais de venir en aide à une jeune patiente ayant subi des abus dans son enfance, j'ai fait une simple recherche sur Google ayant pour thème les cercles de paroles dédiés aux victimes. Quelle ne fut pas ma surprise de voir que sur la première page proposée par le moteur de recherche, les deux tiers proposaient des cercles destinés à des ... victimes de harcèlement moral et de ... pervers narcissiques.

    Je ne nie évidemment pas qu'il y ait de vraies victimes de vrais pervers narcissiques (ou de harceleurs moraux) mais je fus simplement étonné que d'authentiques drames comme l'inceste, le viol, les agressions physiques ou encore les actes de torture passent finalement très loin après ces notions bien floues que sont le harcèlement moral ou les pervers narcissiques.

    Quand tout se vaut alors rien ne vaut. A force de survictimiser les gens, de les inscrire dans un schéma où il y aurait forcément un responsable à tous leurs malheurs (patron, mari, propriétaire, etc.), on n'aide jamais les gens mais on les englue dans un système déresponsabilisant et totalement infantilisant.

    Quant aux vraies victimes, on se moque tout simplement d'elles ! Et bon nombre de ces vraies victimes n'osent même plus parler de peur justement de passer pour de "pauvres petites choses".

    Que la bête meure !

    04 janvier, 2014

    Mystéres du net !

     Princeton !

    Parfois, je regarde mes statistiques, je compare les mois, les semaines, les années, je fais ma petite comptabilité comme un boutiquier zélé et âpre au gain ferait sa caisse. Je regarde aussi d'où viennent les gens, qu'il s'agisse des liens qui les ont amenés sur mon blog ou de leurs origines géographiques.

    Ensuite, je dresse évidemment mes listes en signalant les déviants (avec leurs adresses ip) à mon nouvel ami Manuel Valls. J'espère ainsi un jour arborer la légion d 'honneur pour services rendus à la République. C'est mon petit côté Fouché dont j'ai un peu honte mais que je ne peux renier. Et puis Manuel a déjà tant à faire à pourchasser les quenellistes (ou quenelliers ?) qu'il est bien normal que je lui donne un petit coup de main, parce que les amis c'est fait pour s'entraider. Car même si nous ne sommes amis que sur Facebook, pour moi c'est important ! Je n'accepterais pas n'importe qui, fut-ce sur un réseau social, comme ami.

    Quoiqu'il en soit, c'est donc besicles vissé sur le nez que je me suis amusé hier à regarder d'où étaient venus les lecteurs durant une semaine. Et bien ayant bâclé totalement les statistiques, je peux vous dire qu'ils viennent de partout. Oui, je suis lu mondialement et ça fait chaud au cœur même si dans mon cas, mondialement signifie que 95% de mes lecteurs soient hexagonaux et seulement 5% situés en dehors de notre beau pays. Mais quoiqu'il en soit, j'en ai en Afrique, en Asie, en Océanie et même en Amérique ou devrais-je dire dans les deux Amériques, aussi bien celle du Nord que celle du Sud.

    J"ai été ravi de voir que j'étais toujours lu à Foug, cette charmante petite bourgade de Meurthe-et-Moselle pour qui j'ai tant œuvré. Souvenez-vous, du moins si vous êtes un vieux lecteur, que c'est moi qui ai permis à cette petite ville sinistrée de Lorraine de revivre en lui créant de toutes pièces une spécialité locale, la croutonnade faouine, que l'on vient maintenant déguster du monde entier.

    Et pourtant c'était simple à imaginer ! Rien que des produits locaux et de plus peu onéreux. Du pain rassis trempé dans une sauce à base de Gris de Toul, et le tour était joué. Bien sur pour apporter un peu de valeur ajoutée, permettant aux restaurateurs de la vendre plus cher, et assurer un débouché à la filière porcine lorraine, on peut rajouter un morceau de palette et du lard pour donner du gout.

    Et puis autour de tout cela, des produits dérivés comme le service à croutonna,de la cuiller à croutonnade, les vêtements, les bibelots, les porte-clés et autres petits souvenirs pour assurer un maximum de chiffre d'affaires et voici que Foug l'endormir peut désormais tourner le dos à la sidérurgie sinistrée pour s'orienter vers le tourisme. Si un jour, une rue porte mon nom là bas, je ne l'aurais pas volé. Il me semble même que je pourrais devenir citoyen d'honneur, le maire me remettant symboliquement les clés de la ville, avant d'y avoir ma statue, du moins un buste, quelque chose de simple, un bronze au sommet d'une colonne de pierre.

    Et puis, il y a Princeton. Et ça dure depuis des mois, je vous assure. Tous les jours que Dieu fait, je vois que quelqu'un s'est connecté de Princeton pour venir sur mon blog. Ça ne rate jamais. Alors bien évidemment, il est possible que ce soit quelqu'un vivant à Princeton dans le New-Jersey, qui se connecte et non un étudiant ou mieux un professeur de la prestigieuse université de Princeton ! Peut-être un simple chauffeur de taxi, un modeste fonctionnaire de l'US mail ou encore un obscur petit comptable, c'est fort possible.

    Mais orgueilleux comme je suis, évidemment je ne pouvais imaginer que cette connection ne pouvait avoir lieux que dans la prestigieuse université. Au pire je m'imagine qu'il s'agit d'un étudiant appartenant à l'une de ses mystérieuses confréries que l'on voit dans tous les films et dont le nom est toujours une suite de lettres grecques, comme Delta-kappa-phi, parce que le grec ancien c'est toujours chic quand on vit dans un pays sans beaucoup d'histoire. A moins qu'il ne s'agisse carrément d'un professeur qui, ayant enfin discerné le génie qui sommeillait en moi au travers de ma prose, est en train de bâtir un cours sur mes lumineux écrits et ne tardera donc pas à m'inviter là-bas !


    Tenir un blog offre toutes les perspectives ! Citoyen d'honneur de Foug ou professeur associé dans une université de l'Ivy league, tout me semble permis. Et qui sait, peut-être les deux ? Je me vois déjà dans le TGV Paris-Nancy, sautant dans le TER Nancy-Foug, avant de repartir en avion vers Princeton Airport (prévoir un changement à Newark).


    Foug !

    (Le mystérieux contact de Princeton vient de se connecter là à 20h17 heure française, à l'heure où je relisais et corrigeais ce message. Il va peut-être entrer en contact avec moi ! Putain s'il me propose de papoter par skype, je ne suis même pas rasé et encore moins cravaté. Je vais passer pour un clodo de première.)

    03 janvier, 2014

    C'est pas ma faute à moi !


    Effectivement, en décembre 2013, j'ai moins écrit, me bornant à un article par semaine, le plus souvent antidaté afin de témoigner que ce blog était encore en activité. Mais comme je le dis dans le titre de cet article, c'est pas ma faute à moi, il se trouve que ma fièvre lubique m'avait encore reprise.

    Je ne sais plus à quelle occasion, par exemple, je me suis mis à me passionner pour les photographies post-mortem, cette curieuse mode victorienne essentiellement, qui consistait à prendre en photo les morts dans une mise en scène macabre donnant à croire qu'ils étaient encore en vie. Que voulez-vous, à une époque où la photographie, les daguerréotypes, était fort chère et nécessitait un temps de pause très long, on pensait que le trépas était une bonne occasion de garder un souvenir de la personne.

    Alors une lubie étant une sorte de fièvre hypomaniaque, je me suis mis à collecter le maximum d'informations sur cette curieuse pratique. Bien sur, n'étant pas le seul type assez dérangé pour regarder des photos de morts sur le net, j'ai bien vite trouvé des blogs traitant de cette défunte mode, de même qu'un éditeur américain qui a déjà publié trois ouvrages très épais recensant les plus beaux clichés.

    Ebay propose même des clichés originaux de photos post mortem dûment authentifié dans de chouettes cadres d'époque. C'est alors que je me préparais presque à enchérir sur l'un d'eux que mon épouse m'a dit que non, il était hors de question que l'on accroche la photo d'un mort chez nous. J'ai beau eu argumenter sur le fait que justement, l'idée était que ces mots avaient l'air vivants et pris en photo dans un cadre familier, elle n'a rien voulu savoir. J'ai donc abandonné mon projet d'achat de photos de mort parce que de toute manière je ne sais pas où je l'aurais accrochée.

    Je me suis donc rabattu sur l'acquisition d'un modeste ouvrage édité en France et trouvé sur Amazon. Non, qu'il me passionne mais que j'aime bien garder une trace de mes lubies. Sitôt reçu par la poste, j'ai bien sur dévoré l'ouvrage rapidement parce qu'il était fort mince et ne présentait pas de textes très intéressant. Il a ensuite trainé sur mon canapé avant de se retrouver sur une étagère, rangé parmi mes ouvrages lubiques, c'est à dire entre ceux traitant des hérissons et des tramways, à moins qu'il ne soit glissé entre les livres sur les viaducs et ceux traitant des monuments aux morts de la Grande guerre. 

    Je me suis d'ailleurs dit que la France ne propose pas grand chose sur ce sujet. Bien sur, l'espace d'un instant, j'ai eu l'idée de rédiger moi tout seul un ouvrage sur cette curieuse mode, mais l'idée m'est bien vite apparue complètement irréalisable dans la mesure où il aurait fallu travailler, ce que je n'ai pas vraiment fait depuis que je suis tout petit, me contentant de vivre de mes facilités. En termes de photographie post-mortem, j'en resterai donc à la tradition orale me contentant de parler de ce que j'ai lu sans jamais écrire une moindre ligne.

    En revanche, il est notable que dans notre patrie rongée de cartésianisme et de socialisme, les sujets un peu rigolos ne sont pas légion. Chez nous personne ne s'intéresse aux fantômes, à la vie après la mort, pas plus qu'à tous ces sujets un peu curieux qui font délicieusement frissonner. Si vous n'êtes pas un fervent d'économie ou de syndicalisme, il ne vous reste pas grand chose à vous mettre sous la dent. Ceci dit, cela n'a pas que du mauvais parce que je peux ainsi m'honorer d'appartenir à un pays dans lequel la mode consistant à creuser des citrouilles pour y faire brûler une bougie stupide n'a jamais pris.

    Puisque j'en était à flirter avec la camarde, c'est tout naturellement que j'en suis venu à m'intéresser, ou plutôt à m'intéresser de nouveau à la vie après la mort. Voici bien des années, c'est un sujet que j'avais abordé avec un ami médecin qui n'est pas scientiste. Nous avions donc papoter de NDE et d'EMI, sachant l'un et l'autre que Dieu n'est pas à rechercher dans le vivant et que les scientifiques de tous poils auraient, un jour ou l'autre, compris tous les mécanismes régissant la vie sur terre.  J'avais lu ce qui s'écrivait sur le sujet et j'ai eu l'idée de voir ce qui avait été publié récemment. J'ai donc fait une razzia de livres chez Amazon que j'ai dévorés.

    A ce titre, je ne peux que me féliciter d'Amazon qui en plus de me livrer mes achats en vingt-quatre heures sans frais (premium et ouais), ne me pose de plus aucune question. Je ne me voyais vraiment pas demander à un de ces jeunes libraires barbichus socialistes vantant le petit commerce de proximité s'ils avaient des livres sur les photos de morts ou sur les expériences de mort imminentes.

    On a beau dire, on a beau faire, nourrir ces curieuses passions prend un temps conséquent et grignote le temps disponible que j'aurais pu consacrer à ce blog. Voici donc pourquoi j'ai été moins prolixe durant quelques temps.

    Marcassin !

    Très rare cas de marcassin atteint du syndrome de Stendhal !
    (collection personnelle, Philippe le psy)

    01 janvier, 2014

    Au pays des soviets !


    Mercredi, une ancienne patiente m'appelle paniquée en m'expliquant qu'une de ses amies, devenue l'une de mes patientes actuelles vient d'être internée. Cette dernière vient de lui envoyer un SMS en catastrophe pour la prévenir et demander qu'on lui vienne en aide. Malheureusement, ayant changé de téléphone récemment elle n'avait plus mon numéro de portable sous la main et n'a pu me joindre.

    J'explique à mon ancienne patiente ce qu'est une HO qui est une mesure d'internement sans le consentement de la personne. C'est à dire que pour de bonnes raisons, le plus souvent, ou de mauvaises raisons, parfois, à la demande d'un tiers, lequel ne doit avoir aucun lien avec l'établissement qui recevra le patient.

    Je reste calme car je connais très bien cette patiente. Je ne l'ai jamais jugée instable ni même encline à s'en prendre à elle-même ou à un tiers. Elle est redoutablement intelligente et dotée d'un caractère assez fort ce qui lui a valu une assez belle carrière. Je m'entends très bien avec elle et n'ai jamais eu à déplorer le moindre manquement aux règles de courtoisie élémentaire. Certes, compte-tenu de son caractère, si elle juge que vous êtes un toquard, elle ne se privera pas de vous le dire ou du moins de vous le faire comprendre. Toutefois, elle a toujours travaillé et même si ses collègues lui reprochent parfois certains excès, tous lui reconnaissent de grandes qualités.

    Elle souffre d'une maladie inflammatoire chronique assez grave qui l'amène depuis la fin de son adolescence à être suivie mais surtout à endurer des crises qui la font souffrir. Outre l'amaigrissement spectaculaire entrainé par cette maladie, qui pourrait la faire passer pour ceux qui ne sont pas au courant de sa pathologie pour une anorexique, la souffrance répétée l'ont amenée bien souvent à déprimer assez sévèrement. Néanmoins jamais au point de de vouloir mettre fin à ses jours. Dans ces moments là, elle se replie sur soi, devient assez irritable et attend que cela se passe. C'est sa manière de gérer. Elle a en outre vécu un divorce assez difficile et reste fragilisée psychologiquement par cette épreuve.

    Peu après l'avoir rencontrée, j'ai estimé qu'elle aurait plus d'intérêt à être suivie par un psychiatre que par son généraliste dans la mesure où lces derniers maitrisent mieux certaines molécules qu'ils utilisent plus couramment que les généralistes dans leur pratique. Je l'ai adressée à un ancien hopsitalier établi en libéral qui lui a manifestement trouvé un traitement qui lui permet de moins souffrir sans pour autant endurer une atteinte de ses capacités intellectuelles. Cependant, parfois, alors que ses capacités idéiques sont intactes, j'ai pu noter qu'elle avait un phrasé un peu lent qui encore une fois, pourrait donner à penser qu'elle est atteinte d'une pathologie mentale quelconque ce qui n'est pas le cas du point de vue du psychiatre. Sur ce point, il est en accord avec moi, et admet que si elle est en souffrance réelle, elle possède en elle suffisamment d'énergie pour mener uen vie à peu près convenable. Dans tous les cas, des diagnostics graves tels que la schizophrénie ou autres états délirants ont toujours été écartés. 

    Bref, elle n'est pas toujours facile, il faut savoir lui parler mais vraiment, je ne peux pas dire que ce soit pour moi un cas compliqué. Parfois, il faut juste que je hausse le ton au même niveau qu'elle pour lui faire comprendre que si elle veut surjouer l'autoritarisme, elle aura quelqu'un à qui parler. Il faut juste être clair, lui expliquer correctement les choses et ne jamais se laisser prendre dans ses rêts de chef de service d'une très grande entreprise très connue et tout va bien. C'est d'ailleurs quelqu'un que j'ai vu progresser et reprendre confiance en elle-même. Si je sais que je ne pourrais jamais la rendre pleinement heureuse du fait de sa pathologie chronique vraiment invalidante, je sais qu'elle et moi avons déjà fait et pourrons encore faire suffisamment de progrès pour qu'elle vive mieux et j'espère le plus longtemps possible. 

    Lors de son arrivée à l'établissement hospitalier où elle a été internée, elle a donné l'adresse du psychiatre qui la suivait, lequel était malheureusement en vacances. Et depuis, elle attendait. J'imagien que compte-tenu de son caractère, le personnel soignant et en premier lieu le psychiatre qui la suit a du en prendre plein la figure, ce qui a du les amener à la juger peut-être dangereuse. Mais pour le moment, moi simple psy, je ne peux rien pour elle si personne dans cet hôpital ne m'appelle. Ils veulent, selon ses dire, la cerner. C'est vrai qu'elle est complexe et pourrait apparaitre comme un peu "barrée" pour qui ne la connait pas, mais elle ne l'est pas et ne mérite sans doute pas un internement. Qui a-telle vu ? Je ne sais pas ! Un interne, un chef de clinique, un praticien hospitalier, aucune idée de celui qui a décidé de l'interner. Il est vrai que je ne possède aucun élément en ma possession si ce n'est le fait que je la connaisse bien. Après tout, elle aurait pu avoir un comportement violent ou que sais je encore. Toutefois, le fait qu'elle réclame de l'aide me laisse à penser qu'elle s'estime injustement victime d'un internement abusif.

    Comme je l'explique à son amie, mon ancienne patiente, je ne peux pas grand chose pour elle. Toutefois, comme ma profession m'a permis de me constituer un bon réseau, parce que je vois beaucoup de monde et que je m'entends plutôt très bien avec mes patients et ex-patients, je décide de "taper" une consultation juridique auprès d'un magistrat spécialisé dans ce domaine. Manifestement, l'idée lui plait beaucoup et il me garde une demie heure au téléphone en m'expliquant ce qu'elle doit faire et comment elle doit le faire.

    Nanti de ces précieux renseignements j'explique à l'amie de ma patiente que cette dernière devrait me contacter par SMS ce qu'elle fait deux heures après puisqu'elle a pu manifestement conserver son téléphone. Toutefois, elle ne répond jamais immédiatement alors peut-être ne l'a-t-elle pas toujours à sa disposition mais se débrouille-t-elle pour savoir comme y accéder. Brièvement, je lui explique quels sont ses droits, quels courriers faire, à qui les envoyer et exactement ce qu'il faut y écrire. Notre conversation par SMS dure quelques heures puisqu'elle est entrecoupée de blancs durant lesquels je ne sais pas ce qu'elle fait.

    Le lendemain, elle me fait état de ses progrès et m'explique que les courriers sont faits et qu'elle attend. La connaissant, je l'enjoins de rester calme et lui explique qu'elle n'aura pas gain de cause en insultant son psychiatre quels que soient les reproches justifiés (ou non) qu'elle peut avoir à son encontre. Manifestement ma remarque la fait sourire puisqu'entre deux smileys, elle me dit que je la connais décidément bien et qu'elle me promet d'être calme.

    La journée se passe sans nouvelles mais j'ai conscience d'avoir fait ce que j'avais à faire en lui expliquant juste ses droits. Le reste ne m'appartient pas. C'est au procureur et éventuellement au juge des libertés d'agir dans les délais impartis par la loi. Toutefois le surlendemain, un SMS m'annonce qu'elle est enfin libre. Connaissant son érudition, sa grande intelligence, et sa capacité à tourner des courriers puisque sa profession implique justement d'écrire, je n'ose imaginer ce qu'ont pu ressentir les personnes responsables de son internement en lisant sa prose.  Sans doute ont-ils réalisé qu'elle était en pleine possession de ses moyens.

    Enfin libre, elle m'explique qu'ayant eu depuis plusieurs jours des impatiences (syndrome des jambes sans repos) qui l'ont laissée sans repos durant plusieurs jours, elle a voulu consulter son généraliste qui était en vacances. Ayant du temps, elle s'est juste rendu aux urgences de l’hôpital le plus proche de son domicile. Et là, quelles qu'en soient les raisons, mais je pense que le médecin qui l'a reçue a pu être abusé par sa maigreur et son élocution, il a été envisagé une prise en charge psychiatrique. Et là, le caractère fort et irascible de ma patiente a du faire le reste. J’imagine que le psychiatre a du se faire injurier et menacer copieusement ce qui n'a pu qu’aggraver le risque de mauvais diagnostic psychiatrique. 

    Et de fil en aiguille, la voici qui a été proprement internée sans son consentement. Hélas, je le sais mais peut-être que les psychiatres ont oublié Jean de la Fontaine, on ne met pas une lionne dans des rets. Quant à ma patiente, se souvenant sans doute de la fable du Lion et du rat, elle aura oublié que la morale de l'histoire est que patience et longueur de temps font plus que force ni que rage.

    Elle m'a chaudement remerciée, estimant que j'avais fait bien plus que mon travail en lui communiquant ces renseignements. Pour ma part, je pense que cela fait partie du contrat tacite que j'entretiens avec les patients et qui font que je dois remplir mon obligation de moyens et dans le cas précis, ne pas la laisser croupir en HP pour de mauvaises raisons.

    Bientôt sitôt sortie, n'étant pas du genre à se laisser abattre, elle m'a juste rappelé que compte-tenu de son carnet d'adresses, de ses moyens et du caractère qui est le sien, ceux qui avaient pris cette décision, ne lui permettant pas de s'expliquer, allait bientôt entendre parler d'elle. Manifestement, il y a du papier bleu dans l'air pour cette personne, peut-être un simple chef de clinique, qui s'en est pris impunément à la lionne terrible. J'espère pour lui qu'il a un dossier en béton et un bon avocat. Qu'elle subisse éventuellement un internement abusif me peinait autant qu'il m'inquiétait compte tenu des problèmes que cela aurait pu provoquer dans la thérapie. En revanche les éventuelles suites judiciaires ne me concernent pas.

    Connaissant très bien cette patiente, je comprends que l'on puisse être abusé par son apparence comportementale. Sa maigreur (anorexie), sa difficulté d'élocution (dysarthrie), sa colère (irritabilité de caractère, paranoïa), autant que le motif de consultation (impatience) pouvaient donner à penser qu'il s'agissait d'un trouble psychiatrique ou neurologique évident et peut-être grave. Ceci dit, je ne possède que des éléments fragmentaires de ce qui s'est réellement passé et uniquement rapporté par ma patiente. Je ne peux donc incriminer personne.

    Pourtant, moi qui ai reçu cette femme dans les mêmes conditions, qui ai été aussi alerté par ces symptômes très visibles, et notamment par sa maigreur et ses difficultés d'élocution, il ne m'a fallu qu'une demie heure pour que j'aie enfin l'explication me permettant de comprendre qu'il s'agissait de symptômes et de séquelles d'une grave maladie inflammatoire chronique et non d'une pathologie mentale même si ce n'était pas évident. Certes cette pathologie a entrainé des conséquences psychologiques mais sans pour autant faire de cette femme quelqu'un à interner.

    Parler aux gens ne semblent pas bien compliqué, pas plus que les écouter patiemment en évitant de se faire son idée de son côté. Se souvenir que si vous ne le faites pas et vous adressez mal à eux provoquera des crises de colères bien légitimes est aussi compréhensible. Bref, l'alliance thérapeutique reste sans doute la meilleure des choses à obtenir pour faire son petit diagnostic. Peut-être est-ce plus facile à faire dans un cabinet tranquillement que dans un cadre institutionnel dans lequel les patients se suivent.

    Le pire est que cette patiente m'avait été adressée à l'époque par un psychiatre que son généraliste lui avait demandé de consulter suite à des douleurs cervicales terribles. Le psychiatre m'avait alors totalement assuré qu'il s'agissait d'une douleur issue d'un conflit intrapsychique provoqué par le divorce difficile qu'elle vivait. L'ayant vue à l'époque et ayant grandement douté de cette explication farfelue, je n'avais eu qu'à appeler une généraliste qui l'avait reçue en lui prescrivant simplement une radio (ou un irm) des cervicales, lesquelles avaient montré la présence d'ostéophytes la faisant souffrir.

    Comme quoi, certains n'ont pas de pot avec la médecine et comme quoi aussi, comme je le disais deux paragraphes au dessus, c'est bien d'écouter les gens quand ils vous parlent des symptômes. Et surtout, c'est aussi utile de ne jamais se servir de son statut pour tenter de dominer les gens qui se confient à vous en imaginant qu'on saura forcément mieux qu'eux.

    En revanche, quand vous vous retrouver dans un système institutionnel coercitif (hôpital, commissariat, etc.), évitez la colère qui n'a jamais rien réglé mais rajoutera des problèmes à ceux que vous avez déjà. Face à un système tout-puissant, la stratégie frontale n'est jamais la meilleure, le contournement est plus intelligent. 

    Comme nous sommes toujours le premier janvier et que cela ne me coûte pas plus cher, je vous réitère mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année 2014. Puisse-t-elle vous combler !